La maladie d'Alzheimer
Comprendre
La maladie d’Alzheimer est d’une grande complexité car elle se décline en un très grand nombre de manifestations et de symptômes. Chaque patient est différent et ses troubles doivent être abordés de manière différenciée. Les thérapies qui fonctionnent pour un patient s’avéreront peut-être inefficaces pour un autre patient. Toute la difficulté sera de savoir s’adapter au malade et de l’aborder de manière holistique en s’attachant à son histoire de vie.
La communication chez un malade d'Alzheimer et maladies apparentées
Elle est altérée à des degrés divers selon la gravité de la maladie
- Anomie : il s’agit de l’oubli des mots. Cela touche tous les types de mots, en commençant par les moins usités, puis progressivement avec les mots les plus courants. L’anomie impose au malade de mettre en place des stratégies de compensation : paraphrases, périphrases, utilisation de mots génériques… Les silences sont de plus en plus nombreux et sa communication se fait de moins en moins riche.
- Intrusions : apparition de mots sans lien avec le discours
- Persévération : répétition des intrusions
- Troubles de la syntaxe : mots, compléments, sujets, verbes ne sont pas dans le bon sens
- Echolalie : répétition de mots qui viennent d’être entendus ou dits
- Palilalie : répétition anarchique de syllabes ou mots
- Aphasie : perte du langage : émission de sons
Les différents types de mémoire
- La mémoire épisodique verbale (la mémoire des faits récents) est la première à être atteinte
- Puis les autres, sémantique (le stockage des connaissances générales), de travail (le calcul par exemple), visuospatiale (appréciation des distances), …
- Les mémoires dites archaïques en dernier
- la mémoire des affects, des émotions
- la mémoire des odeurs et des goûts
La perte de mémoire s’accompagne souvent d’une « sensibilité affective » accrue avec un important besoin de contact, regard, douceur…
3 choses à savoir
La désorientation temporo-spatiale. Le malade ne se situe ni dans le temps, ni dans l’espace. Le malade peut prendre son fils pour son père. Une situation très anxiogène pour le malade.
C’est aux proches et aux autres en général de s’adapter à la personnalité et aux troubles du malade et non pas l’inverse. Le malade, lui n’a plus les facultés de s’adapter, il les a perdues.
Ses capacités imposent de fixer des objectifs excessivement simples.
Comprendre pour faire face
Il s’agit d’un homme de 72 ans, retraité, qui a exercé la profession de caissier dans une banque. Il présente des troubles cognitifs qui ont été diagnostiqués à l’âge de 69 ans.
Il est admis dans un centre ORPEA en 2010 à l’âge de 71 ans en raison de l’impossibilité de le gérer à domicile. Sa maladie progresse rapidement avec une augmentation des crises d’angoisse et une grande agitation avec une composante hétéro-agressive. De plus, sa femme, principale aidante, est en mauvaise santé et ne peut assurer sa prise en charge.
Dès son installation en établissement, il présente des déambulations erratiques, une désorientation spatio-temporelle, des altérations de la mémoire épisodique, des difficultés de communication et une irritabilité facile avec une agressivité verbale envers son entourage.
Sa désorientation le conduisait à uriner dès lors qu’il entrait dans un ascenseur. Même en lui proposant de se rendre aux toilettes avant de sortir, l’incident continuait à se produire invariablement dans l’ascenseur. Cette situation générait de l’agressivité de la part du malade.
Après avoir analysé les facteurs de prédisposition, le miroir de l’ascenseur a été recouvert d’un tissu, à titre de test, avec un résultat positif. L’entrée dans l’ascenseur était associée pour le malade à l’entrée dans les toilettes en raison de la présence du miroir.
Grâce à cette adaptation, l’équipe est parvenue à gérer complètement le trouble du patient, à l’apaiser et à réduire son agressivité.
La connaissance de l’histoire personnelle du résident, de ses habitudes et de ses attitudes, ainsi qu’une approche multidisciplinaire, permet l’analyse du trouble et la mise en œuvre d’une solution adaptée.
Témoignage : Lorsque Thierry arrive, sa mère l’appelle « Papa ». Pourquoi ?
Thierry rentre des Etats Unis pour la première fois depuis 5 ans, il a 40 ans. Sa sœur, elle, a cessé son activité professionnelle pour s’occuper à domicile de sa mère atteinte d’Alzheimer.
Lorsque Thierry arrive, sa mère l’appelle « Papa ». Pourquoi ?
Car elle l’a reconnu comme quelqu’un de proche mais elle ne se souvient pas de son prénom (aphasie) et comme il ressemble à son père (agnosie) elle a perçu qu’il s’agit de quelqu’un qu’elle aime (finesse affective). La mère a peut-être désormais autour de 15 ans dans sa tête (amnésie). Son fils ressemble ainsi probablement à son père de 40 ans. Pour le fils, c’est un choc.
Ce choc va être perçu par sa mère et risque de créer chez elle une émotion forte (les malades d’Alzheimer font preuve d’une grande finesse affective) : elle a, sans le vouloir, été la cause d’une blessure pour son fils. Elle s’en rend compte mais ne comprend pas pourquoi, ce qui va avoir pour conséquence d’aggraver sa dépression : sentiment de dévalorisation, d’aggravation des troubles de l’attention, du sommeil et donc de la mémoire et des troubles du comportement afférent. Elle entre ainsi dans un cercle vicieux.
Pour sortir de celui-ci, il faut que le fils soit accompagné, tout comme la fille et leur mère, pour retrouver un certain équilibre affectif entre eux. Cet accompagnement repose sur la mise en place de thérapies permettant des empreintes affectives positives.